L’oeil de Nicolas sur la mode du blog In and Out

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in and out

Je reçois aujourd’hui Nicolas, blogueur mode mais pas que… Il  a découvert le monde des défilés il y a peu et nous fait partager ses aventures et ses sentiments.

Bonjour Nicolas, peut tu nous dire quelques mots sur toi et nous présenter ton blog In and Out ?

Je suis infirmier clinicien et sophrologue, je travaille en secteur psychiatrique depuis presque 10 ans maintenant. Comme le temps passe vite. Nous (Mylene et moi) avons ouvert le blog en 2008, cette démarche répondait à un problème de mémoire, Mylène et moi sommes des boulimiques d’Art et se souvenir de tout est vite devenu un souci. Nous étions l’AFP pour nos amis : resto, expo, boutiques tout y passait.

Puis un premier constat nous a forcés à ouvrir les yeux sur le nombre de visites et les gens (autre que nos amis/familles) qui nous lisaient. La plateforme sur laquelle nous étions devenant limitée, nous avons déménagé pour plus grand (tout parallèle avec la « vraie » vie serait fortuit bien sûr). Je me suis mué en graphiste/intégrateur avec de l’aide pour que tout se passe à merveille. Ce changement nous a fait réfléchir sur notre ligne éditoriale, depuis 1 an je parcourais les défilés, Mylène s’occupait de jeunes créateurs, il est donc devenu claire pour nous que nous étions devenu un blog « mode », comme s’amuse à la dire Le Modalogue , nous avons fait notre « coming out »…

Je me recentre, alors le blog in&out est un site essentiellement tourné vers nos coups de cœur mode, art et luxe, nos ne pouvons écrire que sur les sujets qui nous tiennent à cœur, nous font vibrer.

Tu nous parles de plus en plus de mode  In and Out, qu’est ce qu’elle représente pour toi et comment la vie tu ?

La mode est un thème assez particulier en effet. La mode est pour moi la passerelle pour entrevoir la véritable âme des gens. Attention je ne dis pas que ceux qui ne gravitent pas dans ce milieu ou ne s’y intéressent pas n’ont pas d’âme, ils l’a cachent mieux c’est tout. J’aime les créateurs pour cette passion sans limite qu’ils insufflent dans les tissus et les coupes, ils sont des demi-dieux, entre leurs mains naissent les plus divines choses. Mon investissement dans cet étrange milieu répond à une quête de longue date : la recherche de la souffrance comme outil créatif, le regard perdu des modèles en attente de rentrer dans l’arène …

Je pars du principe que le corps n’est pas un moyen de locomotion, il est un moyen de sublimation, alors ce que nous appelons la mode est un traitement de nos failles narcissiques, une thérapie par la beauté, non pas un dictat.

C’est ce qui t’a poussé à découvrir le monde fermé des défilés de mode lors des fashion week ?

Je suis avide de sensations photographiques, d’immortalisation de l’instant. Je photographie depuis l’âge de 14 ans, tout les sujets sont passés entre mes mains, la mode est celui qui a réussi à me faire vibrer, à provoquer en moi cette fébrilité artistique. La vie est faite de rencontres, certaines te poussent à te dépasser et chercher en toi l’énergie nécessaire pour continuer.

La première fois où je suis sorti pour photographier les looks des « wanabes » fut un tournant pour le blog, un nouveau souffle. Petit à petit de l’extérieur j’ai pénétrer l’antre des défilés. C’était une sorte de curiosité d’enfant, le désir de voir plus que par le trou de la serrure, d’enfin pousser cette porte interdite. Je crois que je suis un éternel enfant. Voilà ce qui me pousse, mon insolence et ma pugnacité.

Quel a été le premier défilé auquel tu as assisté ? Quels souvenirs en retiens-tu ?

Le premier, quelle question difficile, car les shows s’enchainent et mon cerveau lui ne suit pas, attend je vais regarder sur mon blog …

Je crois que c’était le défilé de Rick Owens. Je patientais dans le froid devant les portes des Beaux Arts quant tout à coup, une personne me tape sur l’épaule en me souriant et me glisse un morceau de plastique au creux de la main. Je n’ose y croire, le photographe vient de me donner son pass pour entrer au défilé.

Mon cœur bat à se décrocher, mes mains tremblent et ma vue se trouble. Il ne manque plus qu’un malaise … Je m’installe au niveau du mur de photographes, j’empoigne mon 450D à l’époque et attend le début du show fébrile.

Le souvenir qui m’a le plus marqué : la fugacité du moment ! A peine la musique fut elle lancée que les mannequins disparurent.

Je n’ai jamais eu autant d’émotion sur un défilé, autant te dire que mes photos étaient quasi toutes floues !!!

Il me semble que sur certain défilés, tu as pu entrée en backstage, comment tu me décrirais cette atmosphère ?

Incomparable ! Tout simplement exquis. C’est d’ailleurs l’endroit où je passe le plus de temps. J’aime ce moment où rien ne se passe vraiment, et où tout arrive. La tension est palpable, elle monte doucement, les visages se tirent, les voix s’échauffent. Chacun est à son poste, règle les derniers détails, les mannequins jouent une dernière fois avec les objectifs, les maquilleurs s’affèrent à l’ultime retouche, les coiffeurs peaufinent la création capillaire. Le plus dur est de trouver sa place, de devenir si petit que notre présence est imperceptible.

Comme j’aime à le dire, je suis le petit rat des défilés,  je me glisse et me faufile sans laisser de trace, je prends je vole les instants pour mon simple plaisir.

T’intéresser à l’univers de la fashion-week a provoqué de belles rencontres comme celle avec Stéphane Rolland ?

Oh Stéphane Rolland fut LA rencontre de l’année 2010. Il nous a ouvert ses portes, celles de son atelier et surtout celle de son cœur. Cet homme est chaleureux et généreux, à l’image de ses robes. Il nous a longuement conté son parcours, nous étions pendus à ses lèvres. Mais il s’est aussi intéressé à nos vies, nos univers, ce qui est rare il me semble.

Cette rencontre est un moment cher dans mon chemin photographique, j’ai découvert l’envers du décor, bien avant les flashs et les paillettes : les patrons, les petites mains sans qui rien ne prendrait vie… une rare émotion de ces monsieur et madame tout-le-monde qui produisent le désir du divin.

Depuis je ne rate aucun de ses défilés, j’aime son style et sa douceur juste avant le coup d’envoi. Il est attentif et avenant, méticuleux et charmeur …

Pour le défilé de janvier, une de mes photos sera reprise par son service presse pour la communication avec les journalistes, c’est un petite fierté…

As tu des créateurs que tu affectionnes en particulier ?

Kris Van Assche et son univers, son ode aux travailleurs. Il est capable de créer une histoire autour d’une simple pièce de cuir. Et bien sûr des créateurs moins connu telle que Florem Oïto, une jeune styliste qui sort de la maison Lacroix, qui se lance, elle est incroyable, son tyle est parfait, son regard est mutin et précis. Je vois renaître Coco Chanel dans chacune de ses lignes.

La mode se démode, le style jamais. disait Coco Chanel, qu’en penses-tu ?
Tiens quand on parle du loup … J’adhère à son discours car oui il y a bel et bien une différence entre les deux. La mode sous entend la notion d’éphémère,  elle colle a une époque, elle répond à une attente. Or le style ne s’apprivoise pas il se vit, il fait partie des éléments innés de la personnalité. Certaines fashionistas empilent les fringues de luxe en passant lancer une mode , voire un style mais tout se joue ailleurs, loin du regard des autres. Il faut d’abord vouloir se séduire, se plaire, c’est une démarche intime et personnelle bien avant de vouloir paraître.

Pour suivre la mode, quels magazines conseilles-tu ?

Suivre la mode … celle des podiums je dirais ELLE, celle de la rue je dirais les blogs.

Il existe tellement de sources qu’il est difficile de s’y retrouver. Je suis un mauvais lecteur de magazines je dois l’avouer. Mais j’adore parcourir CITIZEN K et Madame FIGARO, plus culturels et moins exclusifs.

Et sur la toile, y a-t-il des blogs à suivre qui retranscrivent l’esprit des défilés ?

La toile est encore pire que la presse, comment s’y retrouver ? J’évolue dans le web depuis 3 ans et j’ai vu la qualité s’amoindrir. Avant les blogueuses travaillaient les tissus, inventaient des looks. Beaucoup s’insurgent de voir des rédacteurs de blogs assis aux défilés, je suis d’accord, les filles ont 17 ans, une bonne visibilité sur la toile, des stats de dingue et alors elle ne travaille pas dans la mode, elle n’ont que peu de légitimité.

Si je dois absolument choisir : Le Modalogue et Café Mode sont incontournables, leurs plumes sont justes, leurs regards sincères.

A propos des blogs, qu’aurais-tu à répondre à Franca Sozzani qui critiquait le trop grand nombre de blogueurs, blogueuses dans les premiers rangs des défilés ?

Quand je vois la difficulté pour entrer, je trouve étrange de voir des blogs paraître en première ligne. Oui tu me diras que je devrais me comprendre dans le lot. Même si j’ai des invitations, je ne m’assois jamais, je reste à l’écart, car d’autres ont plus leurs places que moi. Les blogs ont le vent en poupe, mais pour combien de temps ? La tendance veut que tout le monde doive avoir son journal intime ouvert sur le monde, tout le monde peut écrire et juger. Mais de là à avoir une place en Or sur les catwalks … j’en doute.

C’est un débat que pourrait se prolonger des heures durant !

De nombreuses personnes me demandent comment assister à un défilé de mode, aurait-tu un conseil à leurs donnés ?

Le premier serait de persévérer, de contacter les bonnes personnes et de lire, étudier sur le sujet. Après il suffit de surfer sur le site du syndicat de la mode et de faire une longue journée d’emailing … Certaines rencontres facilitent les démarches, mais le tout est d’avoir une plus value.

Retrouver Nicolas sur In and out, sur twitter et facebook

3 Commentaires

  1. Je suis ravie d’en savoir plus sur l’un des marionnettistes de In &Out. Et je suis tout autant ravie de voir notre attraction commune pour Stéphane Rolland à qui j’avais dédié un petit sujet à la suite du défilé haute couture Eté 2011. Et je trouve très intéressant de voir que les chemins de traverse peuvent mener à la mode, avec une lecture bien plus personnelle que celle de bien des professionnels du domaine aux yeux et mots liés par les annonceurs et les tendances. Voilà c’est dit 😉

  2. trés intéressante interview même si je ne partage pas le point de vue sur la présence des blogueurs aux défilés!je suis lasse de cet élitisme dans la mode ! les défilés devraient être accessibles à ceux qui aiment la mode et non pas seulement à ceux qui peuvent se l’offrir …

    • tu sais organiser un défile et louer un lieu coûtent énormément d’argent , aussi les places se doivent d’être ciblées… ce n’est pas une question d’élitisme (il existe à d’autres niveaux ;-)…). A la base, un défilé est un moment de présentation professionnelle pour la presse ciblée, les acheteurs et les clientes. Les défilés étaient fermés aux médias jusque dans les années 80. Là nous avons de quoi voir et suivre en direct sans y assister. Pourquoi pas quelques blogueurs engagés sur le sujet et moins « d’amis d’amis ou touristes »… la réalité cependant est plutôt que les maisons vont peu à peu retourner à des défilés confidentiels à audience archi-ciblée puisque de toute façon internet est un formidable relais immédiat et moins onéreux qui va leur servir de vitrine. Jette un oeil sur ce site qui illustre mon propos: http://www.nowfashion.com. 🙂

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