C’est désormais officiel, Martin Margiela quitte sa maison de couture. Celui dont très peu connaissaient le visage (nous qui avons ce privilège pouvons pourtant vous dire que c’est un bel homme) laisse planer un mystère de plus à son sujet.
De nombreuses rumeurs circulaient depuis plusieurs mois sur son départ. Le créateur énigmatique vient donc de les confirmer officiellement en précisant qu’il partait « pour des raisons personnelles ».
Quant à la marque, propriété du groupe Diesel, elle ne lui souhaite pas de successeur :« Nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne voulions pas remplacer Martin, pas parce qu’il est irremplaçable, mais parce que nous sommes Maison Martin Margiela », déclare au « Women’s Wear Daily » Giovanni Pungetti, directeur général de la maison et bras droit de Martin Margiela depuis dix-neuf ans.
Il aimait souvent dire à son équipe : “Vous êtes plus Margiela que moi.”
« Nous voulons rester dans l’avant-garde, la provocation, mais sans un nouveau directeur artistique », précise-t-il.
« C’est un challenge. Nous le savons. Nous ferons probablement des erreurs, mais le plus important est d’apprendre de ces erreurs. » C’est sous la direction de Giovanni Pungetti que continuera de travailler l’équipe de 25 personnes, afin de perpétuer l’esprit de la maison.
Martin Margiela aura ainsi traversé la mode en maintenant jusqu’au bout une petite musique très personnelle. Enfant terrible de la mode des années quatre-vingt/quatre-vingt-dix, il débuta en 1988 en traînant les rédactrices de modes effarées dans des terrains vagues et des stations de métro désaffectées.
Le public aimait alors être bousculé et les recherches de ce diplômé de l’Académie Royale d’Anvers passionnaient les rédactions : vêtements montés à l’envers, miniatures surtaillées, effets de coupes et de matières remettant en cause la logique même du vêtement…
Margiela, esprit libre et curieux, réinventait la mode à sa façon, remettant aussi en cause avant l’heure l’idée de griffe avec ses étiquettes blanches. Chez Hermès dont il fut directeur artistique de 1998 à 2003, il sut aussi démontrer son perfectionnisme extrême et son respect d’un certain classicisme.
Est-ce la crise qui l’a incité à tout remettre en question ? Est-ce un différend avec Diesel, son repreneur, comme le murmurent certains ?
Avant même que les effets de la crise ne se fassent sentir, le créateur semblait prendre ses distances avec la mode, pressentant peut-être la remise en cause fondamentale que la crise provoque dans la société de consommation. Des projets de décoration virent le jour, et des rumeurs sur sa nouvelle passion pour la peinture circulèrent. Jusqu’à quel point est-il aujourd’hui désengagé de sa maison ?
Martin Margiela s’est passionné pour le lancement de son parfum, prévu ce printemps avec L’Oréal. Et pour le reste… lui seul le sait. Margiela conserve tout son mystère.
source: prestigium.com